2010-7. Petit catéchisme sur le carême et la pénitence.
1.
Qu’est-ce que le carême ?
Le mot « carême »
vient du latin « quadragesima » qui signifie quarantaine. Le
carême est un temps liturgique particulier qui dure une quarantaine de jours et
qui prépare les fidèles aux célébrations pascales.
Le carême commence le Mercredi des Cendres et se termine immédiatement avant la Messe de la Cène du Seigneur (le Jeudi Saint en fin de journée). Les dates du carême varient donc en fonction de la date de Pâques qui est calculée sur le cycle lunaire.
2.
Quel est le sens du Mercredi des Cendres ?
Ce premier jour du carême est particulièrement pénitentiel, le
jeûne y est obligatoire. En participant à la cérémonie de l’imposition des
Cendres, nous exprimons avec humilité notre volonté de nous convertir et de mettre
davantage notre vie en accord avec les enseignements du saint Évangile.
3.
Que symbolisent les cendres ?
Les cendres sont
obtenues en brûlant les rameaux qui avaient été bénits l’année précédente, le
dimanche des Rameaux. Elles symbolisent la fragilité de la condition humaine,
marquée par la mort en conséquence du péché originel ; elles signifient aussi
que nous nous humilions devant Dieu en reconnaissant nos fautes personnelles ;
elles expriment notre supplication pour que Dieu nous vienne en aide et nous
renouvelle.
4.
Pourquoi 40 jours ?
Le chiffre 40 porte
une dimension symbolique très forte dans l’Ancien Testament : les pluies du
déluge durèrent 40 jours ; après sa sortie d’Égypte, le peuple hébreu vit au
désert pendant 40 ans ; Moïse reste 40 jours face à face avec Dieu sur le Mont
Sinaï avant de redescendre avec les Tables de la Loi ; le prophète Elie marche
pendant 40 jours dans le désert… etc.
Notre-Seigneur
Jésus-Christ, après son baptême par Jean dans le Jourdain et avant de commencer
sa vie publique, se retire pendant 40 jours dans le désert, y pratiquant un
jeûne intégral, priant et affrontant directement la puissance du diable. Aussi
« l’Église s’unit chaque année par les quarante jours du Grand
Carême au mystère de Jésus dans le désert » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 540). La liturgie met en
rapport ces quarante jours du Christ luttant dans le désert contre le démon
avec le mystère de notre Rédemption accomplie par la victoire de la Croix.
Tentation
de Jésus au désert (chapiteau d’Autun).
5.
Depuis quand le carême existe-t-il ?
La plupart des
commentateurs modernes sous influence moderniste prétendent que le carême
aurait été institué par l’Eglise au IVème siècle, mais ce n’est pas l’avis des
anciens : les Pères de l’Église affirment que le carême a été institué
par les Apôtres eux-mêmes. Saint Augustin écrit que ce dont on constate
l’existence dans toutes les Églises sans qu’on puisse montrer à quel moment
cela y a été établi est d’institution apostolique.
6.
A quoi nous invite l’Église pendant le carême ?
L’Église nous invite à
faire du Carême une espèce de retraite spirituelle au cours de laquelle nous
faisons un plus grand effort d’attention à Dieu, par la méditation
et la prière, un effort de plus grande attention aux autres par
la charité, et un effort de mortification personnelle qui est
une manière de porter une plus grande attention à notre véritable dignité. Le
carême est un moment très important pour la purification de nos cœurs et pour
une croissance qualitative de notre vie chrétienne.
7.
Quelles sont les pratiques particulières du carême ?
Le carême est un temps
de pénitence et de renouveau intérieur au
cours duquel sont prescrits le jeûne et l’abstinence, une intensification
de la vie de prière et une pratique plus marquée des œuvres de
charité, spécialement l’aumône.
Les églises d’Orient
ont conservé une discipline alimentaire extrêmement ancienne et très stricte,
alors que dans l’Église latine la pratique actuelle du jeûne quadragésimal (=du
carême) a été considérablement assouplie. Jusqu’à une date encore récente, tous
les jours du carême devaient être jours de jeûne et d’abstinence (sauf
dimanches et grandes fêtes), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Si dans l’Église
latine la loi commune n’est plus aussi sévère que jadis, ce n’est
cependant pas une invitation au laisser aller. La loi détermine le
minimum obligatoire pour tous, mais elle n’oblige pas à se contenter du minimum.
Il est donc louable, en fonction de la situation et des possibilités de chacun,
de continuer à pratiquer une véritable ascèse alimentaire et une plus grande
austérité de vie. Tous, même ceux dont l’état de santé ou l’âge ne permettent
pas un jeûne alimentaire rigoureux, doivent observer un esprit de pénitence et
de conversion.
8.
Quelles sont les obligations d’un catholique pendant le carême ?
Il doit accomplir les préceptes
du jeûne le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et celui de l’abstinence
chaque vendredi. Mentionnons aussi – au terme du carême – l’obligation de
la confession et de la communion pascales.
9.
En quoi consiste le jeûne ?
Le jeûne consiste à
faire un seul véritable repas pendant la journée, et à ne
prendre qu’une collation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger
entre les repas, sauf bien sûr en cas de maladie.
10.
Qui est obligé au jeûne ?
La loi du jeûne oblige
tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 60 ans.
11.
Qu’est-ce que l’abstinence ?
L’abstinence est le
fait de se priver de viande (rouge ou blanche et tous leurs dérivés).
12.
Qui est obligé à l’abstinence ?
La loi de l’abstinence
oblige tous ceux qui ont accompli 14 ans.
13.
Dans quel esprit doit-on pratiquer le jeûne et l’abstinence ?
Pour un cœur
véritablement chrétien, le jeûne et l’abstinence ne sont pas des choses sans
importance et vont bien au-delà du simple aspect de la « privation
d’aliment ». Si le jeûne et l’abstinence ne sont qu’un exercice
« physique » ou « diététique », ils n’ont pas de valeur
spirituelle (« Pénitence de bête » dit St Jean de la Croix) … Ce qui
leur confère un sens, c’est d’abord l’esprit d’obéissance à Dieu, à travers
Son Église qu’il a instituée pour nous indiquer les voies du salut.
Cet esprit d’obéissance témoigne de la vérité de notre amour. En effet, la
meilleure preuve d’amour que nous puissions donner à quelqu’un c’est d’être
capable de renoncer à quelque satisfaction personnelle pour lui.
Le jeûne et
l’abstinence du chrétien sont une ascèse qui tend à rétablir la domination de
l’âme sur le corps, alors que bien souvent – par la sensualité – c’est notre
corps qui domine l’esprit et entraine l’âme dans la désobéissance aux préceptes
divins. En étant soumis au jeûne, le corps est replacé dans sa vraie position :
celle de serviteur de notre esprit. Ainsi le jeûne manifeste-t-il la remise en
ordre de tout notre être : le corps soumis à l’esprit et l’esprit soumis à Dieu
par amour. Ainsi jeûne et abstinence sont-ils des moyens concrets par lequel l’Église
nous permet de croître dans le véritable esprit de pénitence.
14.
Qu’est-ce que la pénitence ?
Le mot pénitence, du
latin « paenitentia », est la traduction du mot grec
« métanoia » qui signifie « conversion » (littéralement :
« changement d’esprit »). Faire pénitence, c’est changer de
vie en se détournant du mal et de ce qui nous entraine au mal, pour se tourner
vers Dieu dont on s’était éloigné.
Nous sommes tous
pécheurs : la pratique de la pénitence, par des actes intérieurs et extérieurs,
nous permet de réparer l’injustice du péché : injustice envers
Dieu, injustice envers nos frères et injustice envers notre propre dignité
d’enfant de Dieu. La pénitence est indissociable du regret profond
du mal que nous avons commis et de la résolution d’éviter le
péché à l’avenir.
Notre-Seigneur a
institué et confié à Son Église un sacrement pour nous aider dans notre
démarche de conversion : c’est le sacrement de pénitence, appelé
communément confession. En faisant au Christ Lui-même, qui agit à travers son
prêtre, la confession de nos péchés nous libérons notre conscience de ce qui
lui pèse et nous sommes soulagés des fardeaux qui entravent notre marche vers
Dieu. La confession sacramentelle est obligatoire au moins une fois par
an, pour se préparer à Pâques. Une bonne confession doit être claire,
concise, concrète et complète.
15.
Quelles sont les manifestations de la pénitence ?
La pénitence
intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. « L’Écriture
et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et
l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à
Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par
le Baptême ou par le martyre, ils citent comme moyen d’obtenir le pardon des péchés,
les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de
pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints et la
pratique de la charité ‘qui couvre une multitude de péchés’ (1ère épître de St Pierre IV, 8) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1434).
Il faut aussi se
souvenir que c’est la mesure avec laquelle nous pardonnons aux autres qui sera
la mesure avec laquelle Dieu nous pardonnera nos propres fautes : « Pardonnez-nous
nos offenses comme nous-mêmes nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».
La pratique du pardon entre donc aussi dans notre démarche de conversion
personnelle.
Enfin l’exercice de la
charité envers nos frères est résumé dans ce que l’on appelle depuis la plus
haute antiquité les « oeuvres de miséricorde ».
16.
Quelles sont les oeuvres de miséricorde ?
On distingue les
oeuvres de miséricorde spirituelle et les oeuvres de miséricorde corporelle.
Les
oeuvres de miséricorde spirituelle sont :
Enseigner l’ignorant.
Conseiller celui qui en a besoin.
Corriger l’égaré.
Pardonner les injures.
Consoler le triste.
Souffrir avec patience les adversités et les faiblesses du prochain.
Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Les
oeuvres de miséricorde corporelle sont :
Visiter le malade.
Donner à manger à celui qui a faim.
Donner à boire à celui qui a soif.
Secourir le captif.
Vêtir celui qui est sans vêtement.
Accueillir le pèlerin.
Enterer les morts.
17.
Quels sont les jours et les temps de pénitence ?
« Tous les
fidèles, chacun à sa manière, sont obligés par la loi divine à faire
pénitence ; cependant, afin que tous s’unissent à une pratique commune de
pénitence, on a fixé certains jours pénitentiels pendant lesquels les fidèles
se dédient de manière particulière à la prière, réalisent des œuvres de piété
et de charité, et s’oublient soi-même en accomplissant ses propres obligations
avec la plus grande fidélité et, surtout, en observant le jeûne et
l’abstinence. » (Code de droit
canonique, n° 1249).
« Dans l’Église
universelle, tous les vendredis de l’année et le temps de carême sont des jours
et des temps de pénitence » (Code de droit canonique, n° 1250).
Ajoutons aussi qu’en
sus du jeûne et de l’abstinence alimentaires, il y a d’autres jeûnes
que nous devons pratiquer pendant les temps de pénitence : le jeûne de
certaines distractions ou divertissements (télévision, cinéma, bals, soirées
mondaines…etc.).
18.
Que doit-on faire les vendredis pendant l’année ?
En souvenir du jour de
la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, « pendant tous
les vendredis, à moins qu’ils ne coïncident avec une solennité, on doit
observer l’abstinence de viande, ou de tout autre aliment déterminé par la
Conférence épiscopale ; on gardera jeûne et abstinence le mercredi des
Cendres et le Vendredi Saint » (Code de droit canonique, n° 1251).
19.
Quels sont les exercices de dévotion qui conviennent spécialement au carême ?
Ce sera, si possible,
l’assistance aux offices liturgiques de manière plus assidue (en plus du
dimanche et des jours de précepte), et la réception plus fréquente des
sacrements de pénitence et d’Eucharistie ; la lecture et la méditation de la
Sainte Ecriture ; éventuellement la participation à des exercices spirituels
(retraite paroissiale ou dans une abbaye), la méditation de la Passion de
Notre-Seigneur (spécialement par la pratique de l’Heure Sainte le jeudi soir et
du Chemin de la Croix le vendredi), la participation à des
pèlerinages… etc.
Notre-Dame
de Compassion au Mesnil-Marie
20.
Quels sont les fruits d’un bon carême ?
Celui qui vit bien le
carême se rapproche de Dieu et grandit en vertu et en grâce. L’effort qu’il
fait pour répondre aux appels à la conversion que Notre-Seigneur lui adresse
personnellement à travers Son Église est également l’occasion d’obtenir des
grâces et des bénédictions de Dieu pour toute l’Église et pour tous les besoins
de l’humanité, en vertu du mystère de la communion des saints.
Frère Maximilien-Marie
du Sacré-Cœur.
Father Philippe INSONI, Cfic 26 Ishielu Street
Independence Lay Out, Enugu, Enugu State P.O.Box 4344, Enugu State Nigeria